le site des Etats Généraux de l'Université de Paris 8
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Réunion du 2 mars 2007 (Comptes-rendus)
Compte rendu de la cinquième réunion de préparation des Etats généraux de Paris 8
Vendredi 2 mars 2007
(Rédaction, mise en forme : MarieSolange Touzeau, Charles Soulié)
La cinquième réunion de préparation des Etats généraux de Paris 8 s’est déroulée de 10h15 à 13h30 en salle A 010. L’assistance comptait de vingt à trente personnes selon les moments, avec une présence étudiante un peu plus importante que d’habitude.
Si le travail des différents groupes commence à porter ses fruits, la mobilisation collective reste faible. Il faut donc penser à remobiliser les enseignants, étudiants et personnels. C’est là tout l’enjeu des forums, AG que chaque département, service, composante, UFR est invité à organiser dans la semaine du 12 au 16 mars. Nous invitons donc toutes les personnes intéressées par le projet des Etats généraux à impulser, enclencher ce type de dynamique au niveau de son collectif de travail. De même, il faudrait être en mesure de suivre les problèmes abordés pas les Etats généraux et ce qu’ils deviendront après les Etats généraux. Sachant d’ailleurs que l’an prochain, Paris 8 fêtera son quarantenaire.
Le point est fait ensuite sur l’état d’avancement des différents groupes de travail, sachant qu’en fonction des intérêts de chacun, d’autres groupes peuvent être créés. Ainsi, quelqu’un émet le voeu qu’un groupe de travail portant sur les conditions de travail à Paris 8 puisse voir le jour. Car il y a à faire en la matière… La question de l’amélioration des conditions de travail vient d’ailleurs d’être inscrite en tant qu’un des objectifs du PRES. De même, si les étudiants, enseignants sont bien présents dans la réflexion actuelle, il manque un groupe travaillant sur les problèmes spécifiques des personnels.
Groupe 1 : la réussite des étudiants de Paris 8
François Castaing prend ensuite la parole pour exposer les premiers résultats de ce groupe de travail. Il rappelle déjà que ce groupe a produit deux textes écrits lisibles sur le site des E.G (une note de synthèse et trois pages d’additifs). Pour commencer, il souligne l’écart énorme entre la nature des défis que l’université a collectivement à relever et la faible réactivité de la communauté universitaire.
Paris 8 connaît une forte baisse de ses effectifs, laquelle rejoint, mais surtout amplifie des tendances nationales. Ce qui rejaillit ensuite sur les moyens, comme sur le moral des enseignants et pose notamment la question du regard que les jeunes posent sur notre université. Car il faut le souligner, le recrutement de Paris 8 ne se limite pas qu’au 93. Il comprend le 93 et le nord de Paris. De ce point de vue, la comparaison avec Villetaneuse est intéressante. En effet, et sans même disposer d’un métro direct, Villetaneuse fait mieux au plan des effectifs. Il semble que cette chute des effectifs soit à relier à l’application du LMD qui a provoqué une nouvelle répartition de la population étudiante et une « cylindrisation » des cycles. Ainsi, le L3 compterait un tiers des effectifs du L.
Au niveau du M, on observerait une chute du M1 et une montée du M2. Ce qui pose la question du positionnement du curseur sélectif en Master.
Pour y voir plus clair, il faudrait que chaque composante, formation fasse remonter ses chiffres, rédige une note de synthèse, car notre vision est encore trop parcellaire et les données disponibles centralement insuffisantes. Ce qui permettrait de sortir des généralités non-opérationnelles. Et penser aussi « l’offre de formation » de Paris 8 dans celle plus globale de la région parisienne, avec tous les effets de concurrence qui en découlent (Cf. le rapport récent de la Cour des comptes sur la carte des formations universitaires en Ile de France qui critique le foisonnement et le manque de lisibilité des formations issues de l’application du LMD et qui explique qu’au moment du renouvellement des habilitations, les formations à faibles effectifs devront être supprimées).
Les taux de réussite de Paris 8 sont aussi très faibles. Et ce même si on les étudie sur 3 ans. Mais là aussi, il faudrait voir cela formation par formation. A signaler aussi le problème des étudiants administrativement inscrits, mais pédagogiquement absents. Ce problème, qui n’est pas spécifique à Paris 8, ne concerne pas spécialement les étudiants étrangers.
Ces questions sont importantes, car à terme le ministère demandera aux universités d’informer systématiquement au moment de leur inscription les étudiants sur les taux de réussite au diplôme, le devenir professionnel des étudiants dans chaque filière, etc.
Un intervenant souligne que Paris 8 peut aussi se saisir positivement de cette baisse des effectifs étudiants afin d’améliorer la qualité de la relation pédagogique, du suivi étudiant. Ce qui pose aussi dans certaines disciplines la question des heures complémentaires.
Concernant le doctorat, la baisse des effectifs étudiants est faible. Dans certains cas, elle peut même être voulue par des formations. Toujours à ce niveau, on observe une augmentation des entrées externes. C’est-à-dire des étudiants formés ailleurs.
Josette Trat parle ensuite d’une enquête conduite auprès d’étudiants en Licence de sociologie. Nombre d’étudiants entrent par défaut dans cette discipline et auraient préféré s’inscrire ailleurs (en BTS par exemple). Cela dit, ils sont contents de la formation qui leur est dispensée. Par contre, peu s’investissent dans leurs études. La présence au cours leur paraît suffire. Et comme ils ont peu d’heures de cours hebdomadaires (entre 15 et 20 en moyenne), certains d’entre eux font un travail salarié pour s’occuper. Beaucoup aussi sont sidérés par l’état des locaux à Paris 8, ce qui induit aussi à un certain sentiment d’auto-dévalorisation. Josette Trat pense aussi qu’il faudrait qu’un groupe d’étude se monte relatif à la « professionnalisation des études ». En effet, et au nom de cette fameuse professionnalisation, toutes les dérives sont permises.
Groupe 2 : L’accueil et le suivi des étudiants étrangers
Nicole Blondeau prend ensuite la parole pour présenter le 2e groupe de travail. Celui-ci rassemble une quinzaine de personnes (enseignants et étudiants). Il se fonde notamment sur une enquête réalisée au département de sociologie par Anne Julie Auvert et ses étudiants. 70 questionnaires ont été récoltés, et une quarantaine d’entretiens réalisés. L’enquête est en cours de traitement. L’accueil des étudiants étrangers pose manifestement problème. L’idée d’un forum Internet est avancée pour faciliter cet accueil. Mais il faudrait un superviseur pour que cela devienne opérationnel. Un système de tutorat des étrangers hors Europe serait intéressant aussi. Il pourrait se fonder sur la base de stages, d’EC. De même, il serait nécessaire de revoir la présentation du Guide de l’étudiant, comme du site de Paris 8, concernant les étudiants étrangers. Comparé à ceux des autres universités parisiennes, le site de Paris 8 semble peu opérationnel.
Mais il n’y a pas que l’accueil des étudiants étrangers qui pose problème. Leur séjour aussi. L’idée d’un guichet unique permettant à ces étudiants de traiter l’ensemble de leurs problèmes est défendue par un étudiant de l’UNEF. On observe aussi qu’un certain nombre d’étudiants étrangers deviennent sans papier en cours de séjour.
Le problème des étudiants étrangers sans papiers est abordé ensuite. Ben Ali Cherif a chargé un membre de l’UNEF de faire le point là-dessus. Il faudrait remettre en marche l’ancienne Commission des libertés. Il s’agissait d’un groupe de bénévoles centralisant tous les problèmes, offrant une aide juridique, pouvant rédiger des lettres, faire des accompagnements, etc. Rappelons que le samedi 17 mars une journée sur « Qui sont les sans papiers » se déroulera à Paris 8.
Il semble que les CEF aient changé d’appellation depuis janvier 2007 et s’appellent aujourd’hui « Campus France », le dispositif s’étendant à plus de 15 pays. Il est destiné notamment à prévenir la fuite des «haut niveau » vers des pays comme le Canada par exemple.
La question des étudiants étrangers pose nécessairement le problème de l’apprentissage de la langue, du français. L’arabisation de l’enseignement dans des pays comme l’Algérie pose de sérieux problèmes à nombre de nos étudiants. Tout cela suppose de disposer de moyens supplémentaires. Le département de littérature française avec celui de communication, français langue étrangère viennent d’organiser une formation de type cours intensifs bloqués sur une semaine. Il y a eu 80 inscriptions, mais le public est très volatil. D’où un résultat décevant. Manifestement, la demande ne rencontre pas l’offre. Marie Christine Lamiche pense qu’il faudrait être beaucoup plus volontariste en la matière, rendre ce type de formation obligatoire, et ainsi se donner vraiment les moyens d’une politique efficace.
Tout cela rejoint aussi l’idée d’une formation propédeutique, qui ne concernerait d’ailleurs pas que les étudiants étrangers. Cette idée a été lancée récemment par le président. Elle est actuellement en discussion au CEVU. L’IUT de Montreuil a tenté de s’engager sur cette voie, mais le ministère a refusé. Un des risques ici est que cette propédeutique soit perçue comme sélective. Un participant propose que cette propédeutique existe aussi pour les enseignants. En effet, eux aussi peuvent avoir besoin d’apprendre, notamment en matière de pédagogie, communication, etc. L’idée de propédeutique rejoint aussi celle du « semestre d’orientation ». Sachant qu’elle pose le problème suivant. S’agit-il de renforcer d’abord les bases des étudiants pour les amener ensuite aux disciplines, ou faut-il déjà les initier aux disciplines pour qu’ils comprennent ensuite la nécessité d’acquérir ces mêmes bases ?
Paris 8 et les relations internationales
Pierre Bayard évoque ensuite la question des relations internationales. Il serait bon que les Etats généraux permettent d’aboutir à quelques idées force. Par exemple concernant les questions de propédeutique, il faudrait arriver à inventer quelque chose de non sélectif et qui puisse être ensuite réapproprié par d’autres établissements, comme ont pu l’être en leur temps d’autres initiatives pédagogiques vincennoises.
Son groupe de travail a déjà produit un texte sur les relations internationales et reproduit sur le site des Etats généraux. Pierre Bayard souligne que ce sujet intéresse peu, ce qui arrangeait bien l’ancienne présidence. Il plaide pour une meilleure lisibilité des relations internationales à Paris 8. Notre établissement dispose de structures originales en la matière (un conseil, une assemblée qui se réunit trois fois par an), mais il faudrait pouvoir mieux accéder à l’information. Ainsi, on devrait à partir d’un site pouvoir, en écrivant le nom d’un pays, connaître l’ensemble des relations que Paris 8 entretient avec ce pays. Il faudrait donc mieux centraliser et diffuser les informations, mettre en réseau et peut être embauché quelqu’un pour animer ce site. En ces matières, tout est souvent lié à des relations singulières tissées entre personnes. Inventer une vice-présidence aux relations internationales serait utile. L’idée est que ce vice-président soit choisi non en fonction d’équilibres politiques, mais pour ces compétences. Il faudrait développer aussi la dimension éthique des relations internationales. En effet par exemple, qu’est ce que cela signifie que d’entretenir des relations avec la Russie de Mr Poutine ? Paris 8 pourrait aussi lancer des actions de solidarité vis à vis de certaines universités étrangères.
François Castaing discute ensuite la question des fonctions et pouvoirs de ce vice-président. Cela doit rester une structure souple. Et il faudrait mieux fixer les fonctions de ce vice-président. Est-ce lui qui fixera les orientations privilégiées, ou ne sera t-il qu’un interlocuteur privilégié ? Il est plutôt pour un 4ème conseil qui donnerait des « avis ».
Selon Pierre Rabardel, l’appel aux compétences dans le choix de ce vice-président et la relativisation des critères politiques est un mauvais calcul. A l’inverse, il faut plutôt revaloriser la dimension politique à l’université, qui tend de plus en plus à disparaître au profit notamment d’une bureaucratisation croissante prétendument apolitique et imposant des choix politiques non discutés.
Danielle Tartakowsky pense qu’il ne sert à rien de multiplier les échelons. Il faudrait surtout un travail de lisibilité pour donner des outils d’information et mettre en oeuvre les connexions avec d’autres pays. Souvent, on arrive pas à avoir les équivalences au niveau des instances (équipes, écoles doctorales) face aux institutions étrangères.
Le métier d’enseignant chercheur à Paris 8
Charles Soulié prend ensuite la parole pour parler des travaux de ce groupe. L’objectif de ce groupe, qui réunit trois enseignants et des étudiants en sociologie d’un cours de méthodologie, est de réfléchir au métier d’enseignant chercheur aujourd’hui à Paris 8. Une de nos hypothèses est que celui-ci diffère en fonction des disciplines, du statut, comme de l’âge.
Afin de recueillir des informations, nous avons décidé déjà de fabriquer un petit questionnaire, qui a été envoyé par courrier interne à l’ensemble des maîtres de conférences et professeurs de Paris 8. Ce questionnaire, qui a été élaboré et diffusé avec l’aide d’un groupe d’étudiants, s’intéresse aux pratiques pédagogiques, de recherche comme d’administration des enseignants chercheurs. Sous la pression des étudiants, le volet pédagogique a pris une place particulièrement importante. Mais on y trouve aussi d’autres questions à caractère plus politique du type : Quels sont les principaux atouts et faiblesses de Paris 8, que faudrait-il changer en priorité ?
Pour l’instant, nous avons reçu 194 réponses, auxquelles il faut ajouter 4 réponses institutionnellement non identifiées et donc qui n’apparaîtront pas pour l’instant dans les résultats suivants. Nous en profitons au passage pour remercier les collègues ayant répondu. Car ce questionnaire était un peu long et posait parfois des questions difficiles du style : « Comment expliquez vous le fort taux d’échec en 1er cycle à Paris 8 ? « ? Ou encore : « Selon vous, quelles sont les particularités de l’enseignement dispensé à Paris 8 ? » Questions qui mériteraient sans doute plusieurs pages, heures pour y répondre vraiment. Mais là, un entretien serait sans doute plus approprié qu’un questionnaire… D’où l’idée d’ailleurs de compléter ensuite ce travail par une vague d’entretiens.
Si l’on se base sur les 194 réponses institutionnellement identifiées, on obtient un taux de réponse s’élevant pour l’instant à 29,8%. Ce qui est honorable pour ce genre d’enquête. Pour arriver à ce taux, nous avons fait deux relances. Mais malgré tous nos efforts, notre échantillon n’est pas vraiment représentatif. Si les professeurs (29,4%) ont autant répondu que les maîtres de conférences (29,9%), les femmes (39%) ont répondu près de deux fois plus que les hommes (20%). Il est courant que les femmes répondent plus à ce genre d’enquête. Mais ici, la distorsion est trop forte Est-ce le caractère très « pédagogique » du questionnaire qui a provoqué cet effet ?
Le deuxième point sur lequel notre population de répondants n’est pas vraiment représentative, c’est celui de l’appartenance institutionnelle. En effet, on observe que les instituts, formations professionnelles répondent peu, voire très peu. Inversement d’autres départements, formations, comme ceux de sociologie, géographie, communication, mais aussi des formations à petits effectifs plus dépendantes des autres répondent beaucoup. Les premiers ont peut-être tendance à penser leur fonctionnement, mais aussi avenir, de manière relativement indépendante de celui de l’université en général. Ce qui expliquerait leur faible intérêt pour cette enquête. Parmi les autres phénomènes susceptibles d’expliquer ces écarts dans les taux de réponses entre composantes, il y a peut être aussi la question du rapport entre disciplines académiques. En effet, comment cette initiative, qui émanait explicitement du département de sociologie, a pu être perçu par les collègues d’autres disciplines ? Bref, ces taux de réponses différenciés traduisent peut être aussi une plus ou moins grand proximité de ces disciplines à la sociologie.
Quoiqu’il en soit, et malgré tous nos efforts, notre enquête n’est pas vraiment représentative. Ce qui, d’un autre côté, ne l’empêche pas d’être hautement instructive, ne serait ce que par ses biais, limites. Etant en train de saisir les questionnaires, nous ne pouvons guère donner d’autres résultats, à part le fait que dans les questions ouvertes, beaucoup des répondants insistent sur la qualité des relations enseignants/enseignés à Paris 8. Il nous semble que c’est là une des spécificités majeures de cette université, avec aussi il est vrai des conditions matérielles de travail déplorables.
La question de l’importance du lien entre enseignement et recherche dans le métier d’enseignant chercheur est abordée ensuite. Un collègue critique la course à la visibilité qui s’est engagé au travers de la création des MSH par exemple et l’externalisation de la recherche qui en découle. Le risque est d’aboutir à une dualisation accrue du corps qui réserverait la recherche à une minorité d’enseignants chercheurs, tandis que les autres seront absorbés dans les activités pédagogiques ou/et administratives. Ce qui pose aussi le problème de l’articulation entre les cycles, et notamment entre L3 et M1. Antoine Da Lage évoque à ce propos la question des rapports entre UFR et recherche et explique que son UFR va travailler là-dessus.
La question des personnels IATOS est abordée ensuite. Ses membres ne se sont pas sentis investis au début de l’initiative des Etats Généraux. Leur groupe s’est découragé. Et pourtant, une réflexion s’impose à l’heure de « l’évaluation », des PRES, de la chasse à la « valeur ajoutée » à l’extérieur. Le PRES par exemple pose la question de la « mutualisation » des moyens, et donc de la redistribution des tâches, fonctions, dans le sens d’un utilitarisme de plus en plus pesant et caractéristique du processus de colonisation manageriale contemporaine de l’université. Ainsi récemment, un membre de la bibliothèque s’est vu refuser une formation au prétexte que celle ci ne servait pas l’institution. De ce point de vue, la lecture des conclusions du dernier colloque de la CPU est édifiante.
Gouvernance, gestion et orientation de Paris 8
Pierre Rabardel présente ensuite les premiers résultats du groupe de travail sur la « gouvernance » de Paris 8, lequel a notamment bénéficié du travail de Gérard Lejoliff. Ce groupe s’est livré à l’étude du plan intitulé « Paris 8 2008 », qui consiste manifestement en une opération de re-engeniering de type ERP (en anglais : Enterprise Resource planning). Quand le nouveau président est arrivé, il a suspendu son application sachant que le seul document officiel disponible relatif à ce plan consistait en un simple Power Point de quelques pages présenté en son temps par B Bétant. Un rapport d’audit (payé à M Roucou) est censé aussi exister, mais celui-ci reste introuvable.
Un processus de re-engeniering consiste en une démarche de réorganisation totale et radicale d’une entreprise. Dans les entreprises ordinaires, il est généralement le prélude à un plan social. Pour être efficace, celui-ci doit être masqué Ainsi au début, rien n’est dit sur le diagnostic, pilotage. Habituellement, le projet d’établissement est relié à un « groupe ». Dans le cas de l’université, le groupe c’est « la tutelle », c’est-à-dire le ministère. Ce projet de réorganisation totale est à rapporter aux autres innovations institutionnelles lourdes de ce type que sont la LOLF, le LMD, les PRES, l’AERS, etc. Dans tous ces cas, il s’agit de trouver de nouvelles formes d’organisation, d’augmenter la fluidité, réactivité, de toujours trouver de nouvelles ressources, « de faire plus avec moins », « de chasser la non-valeur ».
Une opération de re-engeniering pense en termes de processus (généralement pas plus de 10, 9 dans notre cas). Ces processus s’appuient sur la notion de métier. A Paris 8, les comités métiers étaient les comités experts. Il est accompagné d’un discours idéologique présentant la réforme comme « naturel », « inévitable », etc. On ne peut donc pas en discuter, ce qui fait qu’il sort du champ du politiquement pensable, discutable.
Il suppose trois choses. Une maîtrise des flux financiers, comptables, budgétaires. Son fonctionnement suppose que soit mis au point tout une batterie d’indicateurs. D’où le boom des activités d’administration dans le budget temps des enseignants chercheurs et la multiplication des tâches d’évaluation, contrôle en tout genre destiné à nourrir le système informatique. On ne fait alors plus que du quantitatif. D’où la nécessité aussi d’un PGI, c’est-à-dire d’un progiciel de gestion intégrée, pivot du système d’information et domaine du, ou des, services informatiques.
A Paris 8, le dispositif s’appelle Cocktail, mais il existe aussi Papaye, Carambole, SAP, etc. Ce système d’information intégré est censé permettre un pilotage rationnel de l’institution. Il contribue à la perte du sens du collectif et à la destruction des collectifs de travail. Tout cela est à mettre aussi en relation avec l’évaluation des personnels : évalue-t-on un agent ou un service ? La tutelle demande que ce soit chaque agent, en fonction d’objectifs à atteindre.
Si le plan Paris 8 2008 est à l’arrêt, l’ERP continue. Tel un tanker, c’est une chose difficile a arrêter, faire dévier. D’autant plus qu’un certain nombre de processus sont déjà contractualisés dans le quadriennal courant et qu’il faudra rendre des comptes sur les sommes allouées par le ministère pour la mise en place de telle ou telle action. Alors comment modifier la trajectoire d’un EPR ? Il est nécessaire que la collectivité se réapproprie ce dispositif, venu directement de l’entreprise et destiné déjà « à faire la chasse à la non-valeur », afin de le mettre au service de fins collectivement partagées et démocratiquement discutées. Pour cela, il est nécessaire par exemple que chaque membre de la communauté universitaire réfléchisse à ce qu’est la « valeur » dans le cas d’une université. Car tout cela n’est pas qu’une affaire de pure « technique », mais engage aussi des choix éthiques, politiques, culturels profonds. Il ne s’agit pas seulement de technique, mais de contrôle de gestion, ce qui est politique et non du ressort des seuls spécialistes de la technique. La gestionnite est une maladie sociale informatiquement transmissible. Chacun doit apprendre à y faire face et le débat démocratique est sans doute son meilleur antidote. Au coeur de ce problème se pose la question de la valeur. Et les indicateurs, critères sont nécessairement dépendants de la valeur choisie. La question de la «valeur » est transversale et pose aussi celle du sens. Quelle sera notre capacité à cette production de sens ?
Marie Solange Touzeau intervient pour signaler qu’en matière de logiciel de gestion, il y a logiciel et logiciel. Ainsi, le système de gestion Cocktail est un ensemble de logiciels ouverts développé issu de l'université de La Rochelle (les sources des programmes sont disponibles et donc aménageables par chaque l'établissement) ce qui n’est pas le cas de SAP, programme de gestion intégrée d'un gros éditeur de logiciels privé. Tout cela pose aussi la question de l’évaluation. Il n’est guère possible de refuser toute forme d’évaluation. Il faut donc inventer des dispositifs.
Il fait ensuite mention de l’annuaire LDAP. Il s’agit d’un logiciel intégrant un annuaire, un organigramme et tout un système de droits d’accès à l’information selon la place occupée dans l’organigramme. Un tel annuaire électronique est donc assorti pour chaque agent/ enseignants/ étudiant de « droits », permissions pour accéder à telles ou telles données numérisées et pour effectuer des opérations comme les manipulations comptables, saisies de notes, consultations de notes, etc. Cela existe déjà dans beaucoup d’universités et cela est intégré dans le déploiement des environnements numériques de travail (ENT) : chacun travaille par des interfaces Web selon les permissions qu’il a. La conception et surtout la réglementation de l’usage de ce type de logiciel doit se faire sous le contrôle des élus. Sachant bien évidemment que ce genre de problème concerne l’ensemble des universités.
En conclusion, il est demandé à chacun de se saisir de l’opportunité de la semaine du 12 au 16 mars pour lancer des débats, forums au niveau de sa composante afin de permettre l’expression des préoccupations, intérêts de chacun. De même, la présidence, les conseils devront tenir compte des résultats de ces Etats généraux, notamment lors de la préparation du bilan quadriennal. Il faudrait arrêter de réfléchir aux « contenants » et penser un peu plus aux « contenus ».
La prochaine réunion de préparation des Etats Généraux aura lieu le vendredi 27 avril à 10h en salle….