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Une crise qui dure (Contributions au débat)



Une crise qui dure dure...

Sans nous

Un an après la mise en place de la réforme LMD dans le département
Cinéma de Paris 8, entraînant une crise profonde, nous décidons de dire
où nous en sommes, nous, enseignants qui ne nous reconnaissons pas dans
le master recherche tel qu'il est actuellement organisé.

Notre département a longtemps connu une co-existence de personnes
regroupées autour de leur envie inventive d'enseigner le cinéma en liant
pratique et théorie, ce qui faisait sa force spécifique. Mais s'est
ensuite progressivement installée une pensée unique et discriminatoire.

Habile, elle s'est appuyée insidieusement sur un sens du pouvoir et de
ses rouages totalement contraire aux idéaux anti-hiérarchiques qui nous
tiennent encore et toujours à coeur.

Pensée unique donc, et morne, de la "recherche" réduite à un état des
lieux des théories, au mépris de nos réflexions sur les pratiques
artistiques ainsi que de nos analyses des œuvres cinématographiques.

Toutes velléités de pensée originale, dans un champ qui pourtant la
réclame, ont été petit à petit savamment interdites. Rétrécissement et
appauvrissement de la réflexion qui ont eu un double effet. La sclérose
mine le corps enseignant : aucune véritable équipe de recherche n'a pu
voir le jour, générant un véritable gâchis des compétences disponibles.
Beaucoup d’étudiants ont fait connaître publiquement leur désaccord, le
plus souvent au prix d’un départ forcé.

Certains d'entre nous ont accepté de collaborer au master réalisation,
mais, tous, nous avons rompu tout lien avec le master "recherche",
encadré dorénavant uniquement par sa directrice et une grande partie de
ceux qu'elle a dirigés en thèse.

Nous tenons à faire savoir - à l'intérieur et à l'extérieur de
l'université - que nous refusons de servir de caution à un enseignement
dont nous récusons et le fonctionnement et le contenu : c’est pourquoi
nous avons décidé de nous exclure du master "recherche".

Comme par le passé, nous continuons à faire nos cours en licence et nous
poursuivons nos recherches et nos publications. Et nous commençons à
mettre sur pied, en marge de l’institution, des échanges avec tous ceux
qu’intéresse, plutôt que le pouvoir institutionnel, l'enseignement du
cinéma. Une façon de faire vivre entre nous, enseignants, une
collégialité qui a été bafouée dans notre département, où quelques-uns
se sont arrogé sans vergogne tous les pouvoirs. Et, bien sûr, une façon
d’offrir aux étudiants ce que le master "recherche", tel qu’imposé et
mal mené, ne leur offre malheureusement pas.

Jean-Paul Aubert, Claude Bailblé, Jean-Paul Fargier, Denis Guedj,
Denis Lévy, Fabrice Revault, Pascale Risterucci, Dominique Villain.