Préparation des Etats Généraux
+ Appels à participation
+ Comptes-rendus
+ Doléances
+ Accueil étudiants étrangers
+ Accueil & réussite étudiants
+ Gouvernance
+ Métier enseignant-chercheur
+ Relations internationales
Autres Documents
 -  Contributions au débat
+ Documents divers
+ Autres manifestations
Calendrier

Visites

   visiteurs

   visiteur en ligne

Contributions au débat - Remarques sur les EG du 14 mai 2007

Quelques remarques sur les débats des états généraux du 14 mai 2007


1. Ridha Ennafa a fait remarquer que bon nombre des critiques ou thèmes abordés par les étudiants dans les « cahiers de doléances » auraient pu être relevés déjà dans les années 80. Pour ne prendre qu’un seul exemple, la demande des étudiants de psychologie (inscrits à l’IED) qu’un plus grand nombre d’entre eux puissent accéder en maîtrise de psychologie-pathologie, au lieu de contingenter cette formation à l’extrême, remonte à plus de 30 ans. La perspective de longue durée sur les questions d’organisation pédagogique, entre autres sur les durées d’enseignement, est donc pertinente même si elle n’est pas la seule.

2. Presque tous les intervenants ont relevé la très faible proportion de contributions étudiantes concernant la pédagogie alors qu’ils s’expriment largement sur les dispositifs matériels et humains de l’accueil, la qualité et la pertinence de l’information, les locaux, etc. Il faut souligner que cet apparent désintérêt a été fortement induit par le contexte électoral (interne à l’université et national) et par le terme même de « cahiers de doléances ». On ne peut que se féliciter que ces questions ne s’inscrivent pas, ou mal, dans ce mot de « doléances » et ce déficit de remarques sur les questions pédagogiques ne devraient pas conduire à leur réserver une place mineure dans les « vrais » états généraux de l’automne prochain.

3. Ces états généraux sont la première initiative d’échanges et de bilan à Paris 8 depuis 1998. Pour tous les étudiants, et pour bon nombre d’enseignants, il s’agit d’une initiative singulière (et heureuse vu le nombre de participants et la qualité d’écoute), pour certains peut-être d’une version locale de « débats participatifs » dont on a beaucoup parlé. Pour les « vieux » de Paris 8 c’est au contraire un retour à une pratique d’échanges sur ces questions qui a pour but de fonder la politique d’évaluation et d’orientation de l’université, et donc la « gouvernance ». Ces états généraux de 2007 soulèvent par conséquent deux difficultés : un risque de malentendu sur le sens premier qu’on leur donne (s’inscrire dans une démarche très contemporaine, de l’histoire immédiate, ou dans l’histoire de longue durée, fortement identitaire, de Paris 8) ; le deuxième risque est celui d’un décalage entre cette aspiration aux échanges internes après 9 ans de dérive technocratique, parfois autoritaire, et le « style » managérial, à marche forcée, que Sarkozy imprimera à coup sûr à son gouvernement. Pour le dire brutalement, c’est au moment où Paris 8 entreprend de sortir de l’impasse d’une gouvernance politique managériale que la France y entre ! Indépendamment de toute hostilité idéologique à l’égard de Paris 8 (hélas possible !), cette tension pourrait devenir très pénalisante pour la fac tant à l’extérieur qu’en interne.

4. Pour répondre à une question de Ben Ali Cherif, les volumes horaires des formations étaient à l’origine, quasi uniformément et obligatoirement pour les diplômes habilités, de 750 h pour les 2 années de DEUG, 375 h en licence, 75 h en maîtrise et 50 h en DEA (150 h à partir des années 80). Soit beaucoup moins que certains diplômes existant aujourd’hui mais ces volumes horaires s’entendaient compte non tenu du travail personnel de l’étudiant. Il était entendu, et écrit dès les tout premiers projets d’organisation pédagogique de Vincennes, que les « fameuses » UV de 3 h nécessitaient le double de temps – personnel ou en groupes de travail en dehors du cadre de l’UV – pour les étudiants de DEUG et licence, beaucoup plus en maîtrise et DEA. Les volumes horaires globaux des formations sont en ce sens intimement liées non pas à la durée des séquences de cours mais aux pratiques pédagogiques et d’évaluation. C’est en formation permanente que vont apparaître, dès la fin des années 70 et à la demande des employeurs, des « diplômes lourds » : de 500 à 600 h au départ, avec une tendance croissante au « gavage ». Ils serviront de modèle aux diplômes d’IUP et aux DESS.
5. La durée des tranches horaires de cours est ainsi liée, dans la construction pédagogique de Paris 8, à la durée de travail hebdomadaire maximale d’un étudiant (disponible à temps plein) : 15 h de cours puisque cela suppose 30 h de travail personnel. Michel Debeauvais a choisi 3 h x 5, plutôt que le contraire parce que les étudiants qui pouvaient se libérer une grosse demi-journée entière étaient trop rares et que cela excluait à coup sûr les salariés à temps plein. Ces « cours » par tranches de 3 h (en réalité cours, atelier, débat, TD ou TP selon un dosage et un séquencement variant à l’infini) ont été adoptés par toute l’université jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus fonctionner, après le déménagement à Saint-Denis, faute de salles disponibles. C’est en effet sous cette contrainte que les cours sont passés à 2 h 30 au début des années 80 pour créer une 5ème tranche horaire par jour (9 h-21 h 30 au lieu de 10 h-22 h). La décision du conseil d’université de rétablir une liberté de choix de l’organisation des enseignements, par exemple les tranches de 3 h, n’est pas une foucade nostalgique soudaine mais un rejet, qui revient comme un fil rouge dans les 3 derniers séminaires pédagogiques de Paris 8 de 1993, 95 et 98, d’un « format » d’enseignement qui ait pour origine une contrainte étrangère aux choix pédagogiques de l’université. Ce qui ne prouve pas que ce « format » des 3 h soit, aujourd’hui, le meilleur possible (ni l’inverse) mais indique que Paris 8 devrait se reposer, dans les conditions d’aujourd’hui, la question dans les mêmes termes : qui veut-elle accueillir ? quel(s) public(s) nécessite(nt) des stratégies institutionnelles incitatives et non une simple possibilité de s’inscrire ? Il faut ajouter que si ces tranches de 3 h avaient été adoptées par « toute » l’université, d’autres organisations de l’enseignement ont toujours coexisté (séminaires intensifs, journées d’intervention, « terrain », tournages, chantiers de fouille…), chacun de chargeant de « traduire » l’équivalent-diplôme pour sa formation sans qu’il y ait jamais eu aucune contestation ni des étudiants ni de l’administration de tutelle. Dans ce contexte, le fait d’assigner à chaque UFR le soin de déterminer le « format » de tranche horaire qui lui serait commun revient à nier, ou fragiliser, la singularité de tel ou tel enseignement « hors norme », et à traiter comme accessoire le fait de permettre aux étudiants d’optimiser, s’ils le souhaitent, leur présence à l’université par des emplois du temps qui « s’emboîtent » bien puisqu’ils sont standards (sauf à considérer qu’un étudiant doit obligatoirement faire sa mineure et sa majeure dans la même UFR). S’il faut effectivement penser une pluralité et une modularité de l’organisation des enseignements, le fait de transférer cette décision sur la tranche standard aux UFR risque fort de réduire ce choix au plus petit dénominateur commun (se distinguer de l’UFR d’à côté !) et de refermer les UFR sur elles-mêmes encore plus qu’elle ne le sont déjà.

6. Il est (agréablement) surprenant que les cahiers de doléances aient circulé jusque dans une formation d’enseignement à distance et cela prouve combien cette initiative correspondait à une attente. Ils n’ont cependant pas été jusqu’à atteindre les stagiaires de formation permanente, tant il semble admis que ces apprenants-là (qui sont significativement désignés de « stagiaires ») ne sont justement pas, pour la communauté universitaire, des étudiants. Si les « vrais » états généraux de l’automne prochain n’intégraient pas une réflexion sur le bilan de la formation permanente et son articulation avec les formations « initiales », il faut mesurer combien cela constituerait une rupture dans l’histoire de l’institution. Jamais en effet la formation permanente n’est restée à l’écart des réflexions pédagogiques de cette université qui l’a, pour une bonne part, créée et légitimée. L’autonomisation de la formation permanente dans l’institution est très ancienne : organisationnelle et budgétaire dès les années 70, spatiale à partir des années 80. Mais s’agit-il toujours, aujourd’hui, d’autonomie ou d’une privatisation d’un segment de marché de la formation qui ne dit pas son nom ? Quelques questions au moins mériteraient d’être posées : y a-t-il recrutement effectif de stagiaires de formation permanente parmi les étudiants de l’université et dans quelles formations ? Assiste-t-on à une « professionnalisation » des intervenants en formation permanente ou la formation permanente continue-t-elle, selon ses besoins, à solliciter parmi les enseignants de l’université ceux qui sont susceptibles de répondre aux demandes qui lui sont faites par les employeurs ? Y a-t-il, formellement, appel d’offre auprès des UFR ? Comment fonctionne la validation des acquis de l’expérience et quelle part a-t-elle pris dans les missions de la formation permanente ?

7. L’intervention de Patrick Greussay a sinon remis en cause l’évaluation par des examens notés, du moins rappelé que Paris 8 avait fonctionné avant sur un tout autre système qui a partiellement survécu jusqu’en 1993. Il est significatif que cette question soit portée par un enseignant d’informatique puisque c’est déjà un informaticien, Jean Méhat, qui avait fait la synthèse des débats sur les pratiques d’évaluation pour le séminaire pédagogique de 1998. Synthèse extrêmement critique qui mérite, comme bon nombre d’autres contributions à ce séminaire 98, d’être relue. On trouve en effet dans ce séminaire 98 un certain nombre de thèmes qui sont devenus, en 2007, majeurs : baisse des effectifs, sentiment d’isolement des étudiants et, pour certains, situation sociale très précaire, taux d’abandon élevé… Le bilan de 98 n’était sans doute pas complet mais a pointé toutes les questions principales d’aujourd’hui… sans avoir, semble-t-il, été suivi des initiatives suffisantes pour y répondre. Cet état des lieux 2007 devra faire preuve de beaucoup plus d’audace pour remonter la pente. Un seul thème apparaît nouveau dans les cahiers de doléances : non pas les soucis sécuritaires des étudiants (et plus encore des étudiantes) qui n’ont que peu d’occasions de s’exprimer mais qui sont présents depuis les années 80 mais la demande de fermeture aux personnes étrangères à l’université. Jean-Louis Fournel a raison de souligner qu’il s’agit d’un thème nouveau (et préoccupant).

Colette Perrigault 17 mai 2007



Date de création : 08/06/2007 @ 12:10
Dernière modification : 08/06/2007 @ 12:11
Catégorie : Contributions au débat
Page lue 1630 fois


Prévisualiser la page Prévisualiser la page     Imprimer la page Imprimer la page

 
Réactions à cet article


Personne n'a encore laissé de commentaire.
Soyez donc le premier !


 
Lettre d'information
Pour avoir des nouvelles de ce site, inscrivez-vous à notre Newsletter.
S'abonner
Se désabonner
30 Abonnés
Recherche




Webmaster - Infos
Ecrire à Coordination  Webmestre
Ajouter aux favoris  Favoris
Recommander ce site à un ami  Recommander
Version mobile   Version mobile

  Site créé avec GuppY v4.5.18 © 2004-2005 - Licence Libre CeCILL

Document généré en 1.57 secondes

Skins Papinou © 2007 - Licence Creative Commons